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Coupes rases : et si on ouvrait le débat ?

Le mercredi 22 juillet 2020, Canopée, Adret Morvan et le collectif SOS Forêt ont remis une carte postale géante d’invitation...

Publié le Rédigé par Canopée
Coupes rases : et si on ouvrait le débat ?

Le mercredi 22 juillet 2020, Canopée, Adret Morvan et le collectif SOS Forêt ont remis une carte postale géante d’invitation à venir constater, sur le terrain, la réalité des coupes rases à plusieurs responsables de la filière forêt bois.

En réaction au lancement de notre campagne, la fédération des propriétaires forestiers privés, Fransylva, a diffusé une circulaire à l’ensemble de ses adhérentsles invitant « à la plus grande prudence [s’ils sont contactés] par un journaliste ou des représentants de la société civile sur ce sujet ». Dans ce document, Fransylva explique être « actuellement en concertation avec France Bois Forêt et PEFC pour arrêter un positionnement et une attitude concertés et adaptés à cette attaque […] afin de faire front uni et d’adopter une stratégie commune ».

Pour répondre aux critiques, Fransylva propose de réutiliser des éléments de langage, élaborés avec l’appui d’une agence de communication plutôt que d’assumer un débat ouvert et contradictoire. C’est parce que nous pensons précisément que ce débat est indispensable que nous sommes allés remettre à Fransylva, France Bois Forêt et PEFC, une invitation à organiser ensemble une mission de terrain à la rencontre des habitants et des associations locales qui contestent les coupes rases.


Notre analyse des éléments de langage de Fransylva

Couper un arbre c’est mal, on abîme la planète ! La récolte d’un arbre fait partie du cycle de vie de la forêt quand elle s’inscrit dans une démarche de production de bois durable. Arrivé à maturité l’arbre ne pousse plus, il dépérit. Il faut le récolter pour laisser la place aux plus jeunes, rajeunir le milieu, sécuriser le territoire, alimenter la filière bois et capter du CO2.

👉 Notre réponse : Canopée n’est pas contre toute forme d’exploitation forestière et Fransylva le sait très bien puisque nous avons produit un rapport exhaustif sur notre vision de la gestion forestière. Ce rapport examine, de façon critique, les mythes véhiculés par la filière forêt-bois pour justifier une augmentation de la récolte et en premier, ceux relatifs au stockage de carbone en forêt. La forêt française est très jeune : plus de 80% des arbres ont moins de 100 ans. Elle est donc encore très éloignée d’une maturité écologique qui s’observe au-delà de 500 ans. Les études scientifiques les plus récentes montrent que ce sont les forêts les plus âgées qui stockent le plus de carbone, et observent même que l’absorption de carbone se poursuit dans les sols dans les peuplements les plus âgés. Les références sont consultables dans la bibliographie de notre rapport.

La coupe rase est à bannir ! Non c’est un mode de sylviculture parmi d’autres. La gestion en futaie régulière nécessite parfois des coupes définitives. Le renouvellement de la parcelle se fera alors par régénération naturelle ou par plantation. Certains problèmes sanitaires imposent également des coupes rases et le sylviculteur doit éventuellement adapter les essences de son massif au changement climatique en particulier.

👉 Notre réponse : La notion d’impasse est un fourre-tout permettant de justifier des coupes rases dans des peuplements sains mais considérés comme à faible valeur économique. Canopée demande une définition beaucoup plus précise de la notion d’impasse sanitaire pour éviter la conversion de peuplements par coupe rase alors que d’autres itinéraires techniques sont possibles. Nous proposons deux critères cumulatifs : un état de santé critique (selon les critères du Département Santé Forêt) et l’absence d’une régénération naturelle permettant un retour d’un peuplement adapté à la station. Pour en savoir plus, lire notre rapport.

La forêt française s’oriente vers de la monoculture ? 80 % de la surface forestière française est multi-essence. Nous avons une des forêts les plus diversifiées à l’échelle européenne avec 136 espèces d’arbres différentes. La monoculture que l’on peut observer sur certains territoires répond aux exigences du sol : dans le massif landais, le pin maritime est la seule essence forestière capable de véritablement se développer sur les sols sablonneux.

👉 Notre réponse : Les coupes rases lorsqu’elles sont suivies d’une plantation conduisent mécaniquement à une simplification de la composition en essences d’une forêt. Plus de 80% des plantations en France sont monospécifiques. Pour en savoir plus, lire notre rapport.

Les forêts privées échappent à tout contrôle… Les propriétaires forestiers sont soumis à des réglementations claires qui portent sur les coupes, la protection de la nature et l’obligation de maintenir l’état boisé. La forêt est un écosystème géré durablement et préservé pour assurer ses fonctions productives, écologiques et sociétales. Les propriétaires forestiers, conscients de l’intérêt général, assument leurs responsabilités et s’engagent dans des documents de gestion durable (les plans simples de gestion) qui sont validés par l’Etat.

👉 Notre réponse : Contrairement à d’autres pays européens comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Suisse, les coupes rases sont très peu encadrées en France. La certification PEFC qui est censée garantir que les bois sont issus d’une gestion durable n’interdit pas les coupes rases dans des peuplements sains. Lire notre analyse approfondie sur les faiblesses de l’encadrement des coupes rases dans cet article.