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Huile de palme : des militant·e·s organisent un rappel à loi pour Total à la raffinerie de La Mède
Aujourd’hui, 30 militant·e·s d’ANV COP 21, des Amis de la Terre, de Greenpeace, d’Extinction Rebellion et de Canopée, ont organisé une opération « Rappel à la loi » sur le site de la bioraffinerie de La Mède. Alors que Total vient d’annoncer le démarrage de cette usine, ils dénoncent l’entêtement du groupe pétrolier qui feint d’ignorer que, d’ici 6 mois, l’huile de palme doit être exclue de la liste des biocarburants. Concrètement, cela signifie que ces agrocarburants à base d’huile de palme ne pourront plus bénéficier des avantages fiscaux qui assuraient jusqu’alors leur rentabilité économique.
Après des premières prises de paroles devant l’entrée du site de la Mède, une délégation de 4 activistes non-violent·e·s et déterminé·e·s s’est dirigée vers les locaux de la direction pour remettre à François Bourasse, le directeur du site, un agrandissement de l’article de loi qui prévoit l’exclusion des produits à base d’huile de palme de la liste des « biocarburants » à partir du 1er janvier 2020. Nous avons été bloqués avant d’accéder au bureau de la direction et, une fois de plus, Total a refusé de nous rencontrer pour échanger.
Cet article a été voté le 18 décembre 2018, dans le cadre l’examen du projet de loi de finances (PLF) au terme d’un long débat et contre l’avis du gouvernement. Cette exclusion prive ainsi Total d’un avantage fiscal représentant environ 100 millions d’euros / an.
La perte de cet avantage fiscal aurait dû conduire Total à revoir en profondeur son projet de bioraffinerie de La Mède qui est actuellement basé sur l’importation d’environ 550 000 tonnes de produits à base d’huile de palme mais Total préfère miser sur le lobbying. Lors de l’Assemblée Générale de Total, son PDG, Patrick Pouyanné, a exprimé clairement son intention de forcer la main aux députés avec l’appui du gouvernement.
Les militant·e·s ont déroulé une banderole « Total Change ton projet ! Ne change pas la loi » et sorti un portrait du Président Emmanuel Macron pour le prendre à témoin.
Pour Sylvain Angerand, coordinateur de Canopée et porte-parole des Amis de la Terre : « Les député·e·s ont accordé un an à Total pour revoir son projet et trouver une alternative à l’huile de palme mais l’entreprise a décidé d’ignorer cette décision et en appelle au gouvernement pour la remettre en cause. Nous sommes ici aujourd’hui pour rappeler à Total que cette entreprise n’est pas au-dessus des lois».
Pour Charlène Fleury, porte-parole d’ANV COP 21 : « Patrick Pouyanné, le PDG de Total laisse entendre qu’il est soutenu au plus haut niveau de l’État et que sa proximité avec Emmanuel Macron lui permettra de changer une loi qui le dérange. Nous nous sommes engagés dans la campagne #DécrochonsMacron pour dénoncer la collusion des intérêts privés avec l’intérêt général. Le gouvernement doit cesser de protéger Total et mettre fin à l’utilisation d’huile de palme dans les carburants, c’est un impératif climatique».
Un courrier, co-signé par 24 organisations, a également été envoyé au Premier Ministre pour lui demander de ne pas interférer dans la décision des députés et de maintenir l’exclusion de l’huile de palme de la liste des biocarburants à partir du 1er janvier 2020.