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82 heures d’action non-stop pour sauver l’ONF
C’est une chance exceptionnelle pour stopper enfin 20 ans de déclin de l’ONF. Mais il faut encore convaincre les parlementaires : Canopée et le SNUPFEN (syndicat majoritaire de l’Office National des Forêts) déclameront, pendant les débats, la liste des 160 000 signataires de la pétition pour le maintien de l’ONF, sur l’Esplanade des Invalides. L’objectif : montrer aux parlementaires que derrière le chiffre, il y a bien de vraies personnes, qui tiennent au service public forestier. Selon les calculs prévisionnels, lire à voix haute 160 000 noms prend au bas mot… 82 heures non-stop !
Rejoignez-nous pour nous aider à se relayer pendant ce véritable ultra-marathon, et pour assister aux diverses conférences qui auront lieu à côté de la lecture des noms
Participez à l’action !
Notre pétition commune a recueilli plus de 160 000 soutiens, et ça grimpe encore.
Pour que les parlementaires comprennent bien que derrière ce chiffre, il y a de vraies personnes, nous avons décidé de déclamer le nom des signataires de la pétition en face de l’Assemblée nationale. Nous serons donc sur l’esplanade des invalides entre le lundi 31/10 et le jeudi 03/11, sans interruption. A côté de la lecture, vous pourrez assister à plusieurs événements :
- Lundi 31/10 :
- 13h : début de la déclamation des 160 000 signataires de la pétition ;
- 14h : visites de Thomas Brail, président du GNSA et de Georges Feterman, président de l’association A.R.B.R.E.S ;
- 15h : visite de Yann Arthus Bertrand ;
- 16h : Conférence donnée par les gardes forestiers de l’ONF syndiqués au SNUPFEN ;
- 17h : Conférence du philosophe Baptise Morizot ;
- 17h30 : Conférence du photographe Bernard Debargue
- Mardi 01/11 :
- Toute la journée et toute la nuit : déclamation des 160 000 signataires de la pétition
- Mercredi 02/11 :
- Toute la journée et toute la nuit : déclamation des 160 000 signataires de la pétition ;
- 11h : visite de l’acteur Bruno Solo ;
- 11h30 : visite de la délégation des députés socialistes, dont Chantal Jourdan et Dominique Potier
- Jeudi 03/11 :
- Toute la journée et toute la nuit : déclamation des 160 000 signataires de la pétition
Comment nous comptons convaincre les parlementaires – avec vous !
Le gouvernement vient de transmettre le projet de loi de finances au Parlement : il y indique comment il aimerait dépenser l’argent public pour l’année qui vient. Il ne prévoit pas d’arrêter les suppressions de postes à l’ONF. Mais les députés et sénateurs peuvent modifier ce texte, en faisant voter des amendements, pour augmenter la somme d’argent accordée à l’ONF et réemployer des fonctionnaires.
C’est pour ça que Canopée demande, vu l’urgence climatiques et les risques accrus, 231 millions d’Euros supplémentaires en 2023 – pour rétablir les 4000 postes supprimés depuis 1999.
Vous pouvez nous aider à faire monter la pression en interpellant votre députée ou votre député grâce à notre outil spécial :
Vous êtes déjà plus de 3000 à avoir envoyé un mail à votre députée ou votre député : bravo !
Mais le gouvernement peut activer l’article 49.3 de la Constitution à tout moment, et tuer ainsi les débats au parlement dans l’œuf. Pour éviter que les choses se passent ainsi, le SNUPFEN (syndicat majoritaire de l’Office National des Forêts) a rédigé une tribune relayée par Canopée : 40 parlementaires l’ont signée en moins de 48 heures.
Pour que les députés soient bien informés, nous avons aussi organisé un séminaire à côté de l’Assemblée Nationale sur ces questions : plus de 40 députés et de 100 professionnels de la filière étaient présent à l’événement, de quoi donner bon espoir pour la suite.
A quoi sert l’Office National des Forêts (ONF) ?
En France, 25% des forêts sont publiques. Cela signifie qu’elles appartiennent aux communes (on parle de forêts communales) ou à l’État (forêts domaniales).
Ces forêts communales et domaniales sont gérées par l’ONF : ce sont les agent.es de l’ONF qui observent les dynamiques naturelles, surveillent les départs de feux, sélectionnent les arbres à couper, organisent l’accueil du public, protègent la biodiversité, s’assurent que le code forestier est respecté…
L’ONF est un établissement public, ce qui doit en théorie lui permettre de travailler sur le temps long, et de ne pas être motivé par une logique de rentabilité.
C’est quoi le problème à l’ONF ?
En 20 ans, l’ONF a perdu 38% de ses effectifs. Cela signifie que les surfaces gérées par chaque agent.e augmentent, et que certaines tâches doivent être abandonnées. Frederic Bedel, ingénieur forestier à l’ONF, explique : “L’ agent forestier n’est plus doté des moyens ni de la structure pour assurer ses priorités, comme l’adaptation des écosystèmes et le maintien du couvert forestier”. La dernière décision en date : 475 suppressions de postes supplémentaires d’ici 2025.
Dans le même temps, le changement climatique rend encore plus important le rôle de l’ONF.
Les incendies de cet été ainsi l’ont montré : nous allons devoir être encore plus attentionnés vis-à-vis de nos forêts. 50 départements ont été touchés par les incendies ou un risque d’incendie, ce qui implique de nombreuses forêts publiques. Les épidémies de scolytes, des insectes ravageurs qui ont détruit des milliers d’hectares de forêts publiques dans le Grand Est et en Bourgogne Franche Comté, ont également causé de gros dégâts dans nos forêts et fait perdre une source précieuse de recettes aux communes forestières : il est urgent d’avoir suffisamment d’agents assermentés sur le terrain.
L’ONF est peu à peu privatisé : les postes de fonctionnaires sont peu à peu remplacés par des contractuels. La loi ASAP (Accélération de la Simplification de l’Action Publique), votée en 2020, a permis au gouvernement de modifier par ordonnance le code forestier, afin d’encourager le recrutement de forestiers de droit privé. Un pas de plus vers la privatisation. Le statut de fonctionnaire établit des avantages, comme la sécurité de l’emploi, et permet l’indépendance du fonctionnaire vis-à-vis du pouvoir politique et la protection de ses missions. Il tend à garantir que le service public soit rendu de manière impartiale et dans l’intérêt général. Aujourd’hui, l’ONF compte encore environ 5000 fonctionnaires pour 3000 contractuels.
Les objectifs des forestiers sont de plus en plus orientés vers la production de bois. Si, au niveau national, l’ONF se défend de toute augmentation globale de la récolte de bois, la situation est parfois plus contrastée : par exemple, dans la forêt domaniale de Mormal, l’une des plus grandes du Nord de la France, les prélèvements sont supérieurs aux objectifs fixés par le plan d’aménagement et sont à l’origine d’un conflit avec les associations locales. La position de l’État et les obligations de rendement imposées (l’ONF produit plus de 35% du bois en France, sur 25% de la surface forestière) contribuent à un sentiment de perte de sens des agents de l’ONF et mettent à mal leurs missions traditionnelles. Pour faire des économies, ce sont les postes d’ouvriers qui sont les premiers supprimés et remplacés par des sous-traitants, moins bien payés et plus précaires. Résultat : davantage de dégâts lors des chantiers d’exploitation. La mise à mal de la relation entre les agents de l’ONF et leurs concitoyens est un dégât collatéral de cette évolution. Perçus comme des « coupeurs de bois », ils sont aujourd’hui dans une position délicate. Ils font face à la direction d’une part, et de l’autre à l’opinion publique, préoccupée par l’impact nocif de la gestion actuelle et l’état de la forêt publique.
Autre conséquence : la multiplication des partenariats commerciaux douteux. Le pire exemple est sans doute celui de Total, qui finance plusieurs projets de plantation d’arbres afin de se donner une image verte. Non seulement l’ONF brade son image pour servir de caution à des entreprises, mais elle déforme la réalité même du métier de forestier. En forêt, l’acte de planter est exceptionnel : l’essentiel des forêts se renouvelle naturellement et l’art du forestier est justement d’accompagner cette dynamique naturelle. Mais « planter des arbres » est devenu un business très juteux, alors les opérations de communication se multiplient. En première ligne, les agents qui se retrouvent à devoir assumer des projets qui n’ont parfois aucun sens d’un point de vue sylvicole.
Il faut désormais faire monter le rapport de force. Les syndicats de l’Office National des Forêts, et en particulier le Snupfen, syndicat majoritaire de l’ONF, multiplient les actions et les manifestations pour dénoncer ces suppressions de poste. Le 17 décembre 2020, nous avons occupé ensemble la direction de l’ONF à Nancy pour ouvrir un débat public sur ce sujet. Et le 25 novembre 2021, nous étions aux côtés de l’ONF pour manifester devant Bercy.
La suite de l’histoire, nous l’écrirons ensemble dès lundi.