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Bas carbone, hauts risques

Canopée publie un rapport critique sur les projets forestiers labellisés bas carbone.

Publié le Rédigé par Canopée

Canopée publie un rapport critique sur les projets forestiers labellisés bas carbone.

Alors que les forêts souffrent des premiers effets du changement climatique, le gouvernement s’est engagé dans une politique massive de plantations d’arbres qui pourrait accroitre cette crise. Le Label Bas Carbone (LBC) est un des leviers identifiés pour financer cette politique mais il comporte de nombreuses failles. Décryptage.

Voici les principaux points du rapport :

  • Le Label Bas Carbone n’intègre pas suffisamment les enjeux de préservation de la biodiversité. Il prévoit bien un diagnostic biodiversité et l’interdiction d’un certain nombre de pratiques dommageables au sol mais avec des exceptions, des contradictions et surtout un manque de contrôle.
  • Le Label Bas Carbone n’offre pas assez de garanties pour préserver les stocks de carbone existant en forêt. Aujourd’hui, le faible nombre de méthodes validées conduit à concentrer 99% des projets sur de la plantation, au détriment de l’amélioration des forêts existantes. Une des failles majeures du Label Bas Carbone est de considérer qu’une forêt est condamnée, et peut donc être rasée, lorsque 20% des arbres sont jugés dépérissants. Dans de nombreuses situations, ce seuil est insuffisant.
  • Le Label Bas Carbone se heurte à de nombreuses limites méthodologiques pour chiffrer les gains carbone réels d’un projet. Ces limites ne sont pas spécifiques au Label Bas Carbone, mais elles soulignent l’importance de mieux encadrer la communication. L’absence de transparence sur les projets hypothèque également sérieusement la crédibilité du Label Bas Carbone.
  • Pour être crédible, le Label Bas Carbone doit viser l’excellence des critères plutôt que la croissance en nombre des projets labellisés.

Le contexte

Nos forêts souffrent des premiers effets du changement climatique alors même que nous avons besoin qu’elles absorbent davantage de carbone pour en limiter l’ampleur. L’objectif de plantation d’un milliard d’arbres d’ici 2030, fixé par le Président de la République, ne permet pas d’enrayer cette chute. Au contraire, la faiblesse des critères du Label Bas Carbone mais aussi du dispositif France 2030 (suite du plan de relance [1]) autorisent la destruction de forêts qui pourraient être améliorées et leur remplacement par de nouvelles plantations, le plus souvent peu diversifiées. 

Un bras de fer est engagé entre le ministère de la transition écologique et le ministère de l’agriculture pour renforcer ses critères dans le cadre de l’élaboration d’une stratégie pluriannuelle 2023-2033 de renouvellement forestier.  La version issue des groupes de travail est très insuffisante et biaisée : plutôt que d’adapter la forêt au changement climatique en modifiant les pratiques, elle encourage l’adaptation aux besoins de l’industrie par la plantation de résineux. Un arbitrage interministériel est prévu dans les prochaines semaines ainsi qu’une révision des critères du label bas carbone.

[1] Rapport « Planté ! Le bilan caché du plan de relance » (mars 2022)