Question

En 2050, il n’y aura plus de hêtre en France

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En 2050, il n’y aura plus de hêtre en France

FAUX Si le hêtre souffre des effets du dérèglement climatique, sa disparition à moyen terme est peu probable, car il...

FAUX

Si le hêtre souffre des effets du dérèglement climatique, sa disparition à moyen terme est peu probable, car il dispose de nombreux atouts.

Sans action humaine, la plupart de nos forêts serait dominées par le hêtre. C’est ce que l’on appelle une espèce « dryade », qui s’épanouie pleinement lorsque la forêt arrive à maturité. Le hêtre apprécie des climats pluvieux (>750mm de pluie par an) mais il est capable de s’adapter à un grand nombre de situation.

Les travaux scientifiques pour comprendre les capacités d’adaptation du hêtre sont balbutiants : par exemple, dans la réserve de la Massane, dans les Pyrénées-Orientales, qui abrite une vieille hêtraie, les arbres auraient développé une plus grande résistance au stress hydrique[1] et un débourrement plus précoce au printemps[2]. Ces adaptations ne seraient pas liées à des variations génétiques mais à une expression différente des gènes : c’est ce que l’on appelle la plasticité phénotypique.

Pour essayer de prévoir comment la répartition des arbres sera impactée par le dérèglement climatique, plusieurs types de modèles ont été développés. Les plus utilisés sont les modèles de type « corrélatif », ce sont aussi les plus simplistes. Ils établissent un lien statistique entre l’aire de répartition actuelle des essences et le climat actuel, puis simulent l’aire de répartition future en utilisant des données climatiques futures. Ils peuvent laisser à penser qu’une essence qui n’est plus dans sa « niche écologique » actuelle est condamnée dans le futur, ce qui est inexact. En effet, ces modèles se basent sur l’hypothèse forte qu’une espèce occupe exactement tous les sites où elle peut être présente climatiquement, et omettent de prendre en compte l’histoire qui explique la répartition actuelle des espèces, les microclimats, la plasticité phénotypique ou la capacité des arbres à s’adapter génétiquement. Ils ne prennent pas en compte non plus l’effet des mélanges.

Des modèles plus complexes dits « mécanistes », cherchant à simuler les processus biologiques et écologiques déterminant la répartition des espèces, tout en intégrant un plus grand nombre de paramètres et d’interactions, montrent des résultats généralement moins alarmistes. Mais ils sont encore peu diffusés, car beaucoup plus long à élaborer.
 

AIRE DE RÉPARTITION FUTURE DU HÊTRE PRÉDITE EN 2055

 

[1] Réserve Naturelle Nationale de la Forêt de la Massane. (2024). Nous supposions que les Hêtres de la Massane étaient des ”costauds”, c’est prouvé! [Statut LinkedIn]. LinkedIn.

[2] LAUREN C. (2022). Étude phénologique du hêtre (Fagus sylvatica L., 1753) dans la réserve naturelle de la Massane. Sciences de l’environnement, p.18.