C’EST COMPLIQUÉ…

Beaucoup d’idées fausses circulent sur les forêts et les incendies. Plus une forêt est riche en bois, plus elle constitue un réservoir potentiel de matière combustible. C’est une réalité physique. Pour autant, nous n’allons pas couper toutes nos forêts pour éviter des incendies.

Contrairement à ce qui est parfois affirmé^[1], une forêt non exploitée n’est pas nécessairement plus sensible au risque incendie qu’une forêt gérée. De même, il est parfois affirmé que la sylviculture irrégulière rendrait la forêt plus vulnérable parce qu’avec ses différents étages de végétation, elle créerait une continuité verticale facilitant la propagation du feu dans la cime des arbres^[2].

L’argument est valable mais très partiel^[3]. Un peuplement irrégulier est un peuplement avec des arbres d’âges différents.  Or, plus un arbre est âgé, plus son écorce est épaisse et plus il est résistant aux flammes. Mélanger des arbres d’âges différents, c’est éviter de se retrouver avec de grandes surfaces de pin maritime de 10-20 ans, qui constituent de véritables poudrières.

En France, la stratégie de lutte contre les incendies est concentrée sur l’objectif d’éviter les départs de feu et d’intervenir le plus rapidement possible. C’est pour cela qu’il est obligatoire de débroussailler les sous-bois à proximité des maisons et des routes les plus fréquentées. C’est compréhensible, mais cette mesure doit être accompagnée d’une réflexion, plus fine, à l’échelle du massif.

^[1] European Scientist. (2021). Il n’y a pas de lien entre l’absence d’exploitation d’une forêt et son ”bon état” – Bernard Roman-Amat (interview).

^[2] CASTRO A., RIOU-NIVERT, P. (2022). Peut-on prévenir les incendies de forêt ? La tribune.

^[3] Canopée Forêts Vivantes. (2023, 24 juillet). La futaie irrégulière, un facteur de propagation des incendies ? Canopée.