C’EST COMPLIQUÉ…

Chaque année, entre 53 millions de m³ et 60 millions de m³ de bois sont récoltés en forêt^[1]. D’après l’Inventaire Forestier National, cela représenterait entre 60% et 68% du bois^[2]produit par les arbres (un volume estimé à 87,9 millions de m³ à +/- 1,3 millions de m³). C’est sur la base de ce chiffre que la filière prétend que la forêt est sous-exploitée.

En réalité, ce chiffre est bancal. L’exploitation forestière se concentre dans les massifs les plus accessibles. Ainsi, seuls environ 64% de la forêt est exploitée^[3]. Sur cette surface exploitée, c’est donc près de 100% de l’accroissement biologique qui est récoltée. Il est illusoire de vouloir augmenter la récolte de bois dans ces massifs comme le reconnait l’ONF pour les forêts publiques^[4].

S’il existe des peuplements surcapitalisés, notamment ceux abandonnés ou avec des retards d’éclaircies, non seulement ces peuplements peuvent jouer un rôle écologique important mais surtout ils constituent l’exception : la forêt française est jeune et le volume de bois sur pied, s’il augmente progressivement, reste faible (environ 173m³/ha). Prélever plus de bois, c’est empêcher la forêt d’atteindre une certaine maturité ce qui lui permettrait d’abriter plus de biodiversité, de stocker plus de carbone et de fournir plus de bois utilisable en bois d’œuvre.

^[1] L’IFN estime à 53,1 millions de m³, le volume de bois récolté. IGN. (2024). Memento. Inventaire forestier national, p.36). Mais ce chiffre est sans doute sous-estimé car l’IFN ne donne que les prélèvements bois fort tige et non de récolte totale. Enfin, ce chiffre intègre les prélèvements domestiques non-commercialisés de bois de chauffage qui sont estimés selon les sources entre 20 et 25 millions de m³.
Pour en savoir plus : ANGERAND S., DU BUS DE WARNAFFE G. (2020). Gestion forestière et changement climatique, une nouvelle approche de la stratégie nationale d’atténuation. Canopée Forêts Vivantes, Amis de la Terre, Fern.

^[2] Dans le détail, il s’agit du volume bois fort tige qui ne représente qu’une partie du volume total. Pour comprendre cette nuance, consulter le memento de l’IGN (2024).

^[3] À l’échelle nationale, les forêts non exploitées de façon optimale peuvent être classées en trois catégories représentant des superficies égales (12 % de la superficie forestière totale chacune) : les forêts difficilement exploitables, les forêts en surdensité et les forêts surmatures. ADEME. (2017). Projet BICAFF : bilan carbone de la ressource forestière française. Librairie ADEME, p.54.

^[4] ONF (2024). Document de discussion avec les ONGs environnementales (non-publié).