Question

Les vieux arbres sont plus sensibles au dérèglement climatique

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Les vieux arbres sont plus sensibles au dérèglement climatique

C’EST COMPLIQUÉ… Les travaux scientifiques sont insuffisants pour répondre à cette question complexe. S’il n’est pas acceptable de laisser la...

C’EST COMPLIQUÉ…

Les travaux scientifiques sont insuffisants pour répondre à cette question complexe. S’il n’est pas acceptable de laisser la filière affirmer que « les vieux arbres » sont plus sensibles au dérèglement climatique, il n’est pas non plus sérieux d’affirmer l’inverse sans nuance.

D’abord la notion d’arbre jeune ou vieux est très relative et dépend de l’espèce. À 100 ans, un pin sylvestre commence à être âgé alors qu’un chêne est jeune.

C’est pourquoi il est essentiel de considérer l’arbre au sein d’un peuplement et en interaction avec d’autres arbres de la même espèce ou d’espèces différentes. Plutôt que l’âge, le diamètre des arbres ou son statut (dominant ou dominé) semblent être des paramètres plus pertinents en l’état actuel des connaissances.

Dans sa thèse, Adrien Taccoen s’est intéressé aux facteurs influençant la mortalité des arbres dans les forêts tempérées européennes. Il montre que, globalement, la mortalité liée au dérèglement climatique est plus importante pour les arbres dominés (souvent les plus jeunes) que pour les dominants[1]. En Meurthe-et-Moselle, Frédéric Bedel, ingénieur forestier à l’ONF et responsable syndical au SNUPFEN, a mis en place un réseau de placettes permanentes pour mesurer l’évolution des arbres depuis plus de 20 ans : il observe ainsi, de façon statistiquement fiable, qu’en futaie irrégulière, plus le diamètre des arbres est important, plus leur croissance est forte.  Même s’il faut nuancer selon les essences, c’est particulièrement net pour les chênes, et pour toutes les essences longévives (chênes, hêtre, sapin) les très gros bois poussent toujours davantage que les autres.

Le diamètre d’un arbre ne s’explique pas que par son âge : il est lié à la station et à son histoire. Certains arbres de faible diamètre peuvent être très âgés. Autre nuance : quand un arbre a un gros diamètre, c’est qu’il a généralement développé un système racinaire puissant lui permettant d’avoir accès plus facilement aux réserves d’eau du sol mais à l’inverse, ses besoins sont plus importants et il est plus complexe pour lui d’alimenter en eau ses branches les plus hautes.
 


LE SAVIEZ-VOUS ?

Les chênes possèdent une capacité remarquable : avec l’âge, ils peuvent réorganiser leur houppier pour s’adapter à de nouvelles conditions. Les branches les plus hautes meurent et d’autres branches, plus basses, apparaissent (c’est ce que l’on appelle des « réitérations »). Alors que l’on pourrait croire que l’arbre dépérit, cette réorganisation témoigne en réalité de leur vitalité et de leur résilience.

 

[1] TACCOEN. (2019). Détermination de l’impact potentiel du changement climatique sur la mortalité des principales essences forestières européennes. [Thèse de doctorat, Institut des Sciences du Vivant et de l’Environnement]. AgroParisTech.