PLUTÔT FAUX

La plantation massive d’arbres est présentée comme une solution miraculeuse alors qu’elle se heurte à de nombreux obstacles et que son potentiel est surestimé.

C’est en 2019 que le projet de planter 1000 milliards d’arbres perce dans le débat public. À l’origine, une étude^[1] d’un chercheur en écologie, Thomas Crowther qui a été mal interprétée. Cette étude laisse entendre qu’il serait possible de régler le problème du dérèglement climatique en plantant massivement des arbres. Les médias s’emballent et la communauté scientifique grince des dents^[2] : Thomas Crowther publie une clarification^[3] pour expliquer qu’il n’a jamais voulu dire qu’il fallait planter 1000 milliards d’arbres.

En effet, plusieurs chercheurs ont pointé le fait que son étude surestimait très largement (5 fois plus) le potentiel de stockage car les écosystèmes où pourraient être plantés ces arbres stockent déjà du carbone ce qui n’avait pas été pris en compte. Planter des arbres dans certains écosystèmes comme des tourbières, des savanes ou des prairies peut entraîner une dégradation de la biodiversité de ces écosystèmes et de leurs stocks de carbone. Planter des arbres sur des terres dégradées se heurte à une autre difficulté : ces terres sont très souvent utilisées par des communautés locales pour se nourrir ou faire paître les troupeaux. C’est le cas de nombreux peuples d’éleveurs semi-nomades, dont les droits ne sont pas reconnus et qui sont parfois privés d’accès à leurs terres accaparées pour des projets de plantation d’arbres.

^[1] BASTIN J-F & al. (2019). The global tree restoration potential. Science, 365(6448), 76-79.

^[2] FRIEDLINGSTEIN P. & al. (2019). Comment on “The global tree restoration potential”. Science 366(6463). DOI: 10.1126/science.aay8060.

^[3] GREENFIELD, P. (2021). Interview ‘I’ve never said we should plant a trillion trees’: what ecopreneur Thomas Crowther did next. The Guardian.