Où a lieu la déforestation dans le monde ?
Où a lieu la déforestation dans le monde ?
Les forêts sont menacées par la déforestation partout dans le monde. Mais où se situent les principaux foyers de déforestation ?
Chaque année, près de 10 millions d’hectares de forêts sont détruits dans le monde. Ces 30 dernières années, ce sont les forêts tropicales qui ont été le plus durement touchées, puisqu’elles concentrent 90% de la déforestation. Mais d’autres surfaces forestières sont aussi concernées.
Les forêts, qui couvrent environ 31 % de la superficie terrestre mondiale, sont des écosystèmes essentiels pour la biodiversité, la lutte contre le changement climatique et le cycle de l’eau. Elles sont situées pour plus de la moitié (54 %) dans seulement 5 pays : la Russie, le Brésil, le Canada, les Etats-Unis et la Chine. Mais celles-ci sont menacées par la déforestation et la dégradation : environ 420 millions d’hectares de forêts ont disparu depuis 1990 à travers le monde.
D’après une étude de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), sur la période de 2015 à 2020, le taux annuel de déforestation était de 10 millions d’hectares. C’est l’équivalent de la surface de la France qui a été perdue en 5 ans. Cette déforestation contribue fortement à la perte de biodiversité, la baisse du puits de carbone, et menace parfois la vie des populations locales. Il est donc essentiel de les protéger.
Où est située la déforestation ?
Sur les 30 dernières années, plus de 90% de la déforestation se situe dans les forêts tropicales. En France et en Europe, si la surface forestière augmente, le débat porte plutôt sur leur qualité. Le taux annuel moyen de déforestation le plus élevé en 2015-2020 se situe en Afrique avec 4,41 millions d’hectares par an perdus. L’Amérique du Sud se place en deuxième position (2,96 millions d’hectares par an), avant l’Asie (2,24 millions d’hectares par an). La déforestation est principalement liée au développement de l’agriculture industrielle (en Amérique du Sud et Asie) et vivrière (en Afrique), de l’urbanisation et de l’exploitation minière.
Quels sont les principaux pays touchés par la déforestation ?
→ Russie : les forêts boréales menacées
D’après Global Forest Watch, de 2001 à 2022, la Russie est le pays qui a connu la disparition de couvert forestier la plus importante [1]. Cela s’explique par une saison de feux massive, causée par un climat plus chaud et plus sec généré par le réchauffement climatique. Le pays connaît depuis plusieurs années des incendies records, et 2021 a été la pire depuis le début de la tenue des registres (en 2001). Ce sont 6,5 millions d’hectares qui ont disparu.
La plupart des forêts de la Russie asiatique sont des forêts de résineux (épicéa de Sibérie, mélèzes, etc.). On y trouve aussi des feuillus, notamment des bouleaux, saules, et peupliers. En russe, on les appelle taïga. Bien que les incendies fassent partie de l’environnement naturel de ces forêts boréales, ils ont récemment augmenté en surface et en intensité. La tourbière de Sibérie, la plus étendue au monde, emmagasine d’importantes quantité de carbone. Celui-ci est libéré dans l’atmosphère lors de ces feux. Les incendies de 2021 dans les forêts boréales ont relâché une quantité record de carbone. Les émissions ont représenté 480 millions de tonnes de carbone, plus du double des émissions de l’Allemagne sur la même année [2]. Cela engendre une rétroaction positive : le CO2 libéré accentue le changement climatique, qui entraine le dégel du permafrost, libérant du méthane et du CO2, et une augmentation des incendies, libérant à nouveau du CO2.
Ces incendies, couplés aux activités humaines (exploitation de bois, élevage traditionnel, etc.) entraînent un déplacement durable de la frontière entre taïga et toundra (la zone située au nord de la taïga, caractérisée par une végétation rase et discontinue d’herbes, de mousse, etc.). Dans la région d’Archangeslk et dans la République de Komi, la limite entre les deux écosystèmes a reculé de 40-100 km depuis 1959.
→ Brésil : des records de déforestation en Amazonie et dans le Cerrado
Au Brésil, les taux de déforestation sont particulièrement élevés depuis 7 ans, et le pays est le premier en terme de disparition de forêts primaires. Près de 3 millions d’hectares de couvert végétal ont disparu dans le pays en 2021. La majeure partie de la déforestation a lieu en Amazonie (59%), puis dans la savane du Cerrado (30%).
Cette tendance s’est accélérée suite à la politique de démantèlement des institutions environnementales de Jair Bolsonaro : en 2019, la déforestation en Amazonie brésilienne a atteint son pire niveau depuis dix ans. Dès le début de son mandat, Luiz Ignacio Lula da Silva a annoncé avoir pour projet de renforcer la protection de l’Amazonie et a institué une commission pour le contrôle de la déforestation. Depuis, le taux de déforestation semble diminuer. D’après l’institut national de recherche spatiale du Brésil (INPE), la déforestation a chuté de 68% en avril 2023 en Amazonie par rapport à la même période en 2022.
Jusqu’en 2006, un moteur de déforestation important en Amazonie était la culture de soja. Face à l’ampleur de problème, un moratoire a été mis en place, et le soja n’est maintenant plus responsable que d’1,2% de la déforestation dans la région. C’est maintenant l’élevage bovin qui est la première cause de sa destruction. La forêt amazonienne est aussi menacée par la dégradation : 38% de son territoire pourrait être dégradé. La sécheresse en est la principale cause. Les incendies, l’exploitation forestière sélective ou encore les effets de lisière sont eux responsables de 5% de la dégradation.
La savane du Cerrado, dans le centre du Brésil, a elle aussi connu en 2021 le pire niveau de conversion depuis sept ans. Ce sont 850 000 hectares qui ont été déboisés. Cette tendance s’est confirmée en 2022, avec une surface de 1,7 millions d’hectares déforestés.
Le Cerrado est une savane très riche : elle abrite 5% de la biodiversité mondiale et environ 265 tonnes de carbone par hectare. Avec ses 200 millions d’hectares, il stocke donc 5 fois les émissions annuelles de la Chine. Ce carbone se retrouve principalement dans les racines profondes de ses arbres, lui permettant de faire face à des climats extrêmes. Environ 70% de cette “forêt inversée” est souterraine. Peu protégée par la loi, elle a déjà perdu la moitié de sa végétation naturelle, essentiellement à cause de l’activité humaine. La déforestation dans cet écosystème entraîne déjà une perturbation des précipitations. Sur les 30 dernières années, on constate une baisse de plus de 8% des pluies.
Les principales causes de cette conversion sont le développement de la culture du soja et de l’élevage pour la viande bovine. Au Brésil, la production de soja a plus que quadruplé ces 20 dernières années. Près de 60% est exporté, principalement vers les marchés de la Chine et l’Europe. Ce soja est la première cause de déforestation liée aux importations de la France. Cette explosion de la demande s’explique par l’élevage industriel : 87% du soja importé dans l’Union européenne est à destination de l’alimentation animale. Nos modes de vie et de consommation sont donc responsables de cette déforestation.
La déforestation au Brésil pourrait avoir des conséquences irréversibles. Cela n’entraînerait pas seulement une disparition de biodiversité et des émissions de carbone importantes : à un certain niveau de détérioration, le fonctionnement entier de l’Amazonie pourrait être compromis. En effet, ses arbres ré-évaporent constamment l’eau du sol. Cette humidité ainsi créée contribue à la formation de nuages de pluie qui ensuite ré-alimentent la forêt. La destruction de larges territoires peut perturber ce cycle et briser la circulation de cette eau. La forêt, de plus en plus sèche, ne produirait alors plus assez d’humidité et finirait par se transformer en savane.
→ Canada : un mauvais élève en matière de gestion des forêts
Global Forest Watch classe le Canada au 3ème rang mondial pour ce qui est de la disparition des forêts. En 2022, le pays a perdu 2,3 millions d’hectares de couvert forestier. Selon les statistiques gouvernementales, entre 1990 et 2015, la transformation de forêts pour des usages agricoles représente plus de 40% de la déforestation. Seulement ces données correspondent à la conversion permanente de forêts. La coupe d’une forêt pour son bois ne rentre donc pas dans ces statistiques, puisque la forêt finira par se régénérer. Mais si on s’intéresse à la disparition de couvert arboré, la situation est différente. L’exploitation du bois et les feux de forêt explique dans ce cas la quasi-totalité de ce phénomène.
Les provinces les plus touchées par l’exploitation forestière sont le Québec et l’Ontario. Presque toute la forêt boréale du Canada est située sur des terres publiques gérées par les gouvernements provinciaux. Ceux-ci ont alloué la majorité des terres exploitables aux entreprises du secteur. Les principaux produits issus de l’exploitation de la forêt sont le bois d’œuvre, le papier journal, la pâte à papier, les panneaux en bois, le papier, et le carton.
Une lutte emblématique pour la préservation des forêts du pays a été celle du “Grand Ours”. D’une surface équivalente à celle de la Belgique, cette forêt occupe presque toute la côte ouest du pays. Dans les années 1990, les sociétés de production de bois y ont déforesté de larges pans de forêt primaire. Mais grâce à une mobilisation sans précédent, des négociations ont été amorcées avec l’industrie et le gouvernement. Vingt ans plus tard, en 2016, cette initiative a abouti, et désormais 85% de cette forêt est protégée.
La nouvelle bataille qui fait rage en Colombie Britannique se situe dorénavant sur l’île de Vancouver. Les rares forêts primaires de la province y sont coupées pour être transformées en pellets. Des centaines d’activistes réalisent des blocages pour tenter d’arrêter les chantiers. Et cela pourrait fonctionner : la province envisage actuellement un nouveau plan de gestion de la forêt.
Enfin, la perte de couvert forestier est aussi particulièrement élevée dans la province de l’Alberta. Cette région est menacée par l’exploitation des sables bitumineux et les incendies. D’après Global Forest Watch (GFW), sur les 39 millions d’hectares de forêt boréale de la région, près de 4 millions ont disparu entre 2010 et 2021. Alors que l’extraction de sables bitumineux se développe, ce chiffre risque d’augmenter dans les prochaines années. Selon un rapport de 2009 de GFW Canada, la superficie de terres qui pourrait être impactée par cette exploitation s’élève à 1,6 millions d’hectares. L’Alberta subit aussi des incendies massifs : en 2016 et 2019, 400 000 hectares et 450 000 hectares ont disparu respectivement. Cela s’explique par des années où le phénomène El Niño a été particulièrement fort.
→ Indonésie : la déforestation en recul
Dans le passé, l’Indonésie était presque entièrement boisée (99,2% de sa superficie totale). C’est à partir des années 1970 que la déforestation s’est accélérée, et en 2015, le couvert forestier du pays n’était plus que de 50%. Les régions abritant des forêts de plaine comme l’île de Sumatra et de Kalimantan ont été les plus touchées, et à Sumatra ce chiffre ne s’élève plus qu’à 25%.
La zone la plus touchée par la perte de couvert arboré entre 2001 et 2021 est Kalimantan. Cette île verdoyante entre les océans indien et pacifique est un trésor de biodiversité. Mais ses forêts ont été rasées ou défrichées pour le bois et l’huile de palme. Des études satellites montrent qu’environ 56% de ses forêts ont disparu entre 1985 et 2001. Cette déforestation provoque déjà une hausse des températures et de la mortalité dans la région.
Vient ensuite l’île de Sumatra, située dans l’Ouest indonésien et qui couvre 47 millions d’hectares. D’après le WWF, entre 65 et 80% des forêts de Sumatra ont déjà été détruites.
Depuis 2016, le taux de perte de forêts primaires en Indonésie a commencé à baisser. Alors que sur cette année, l’Indonésie a perdu près de 930 000 hectares, ce chiffre s’élève à environ 200 000 hectares en 2021. Le pays est ainsi passé de la troisième à la quatrième place des pays subissant le plus de perte de couvert forestier en forêts primaires.
Cette tendance peut s’expliquer par l’action de l’État et des entreprises. Depuis 2015, le Ministère de l’environnement et des forêts a intensifié ses efforts de surveillance et de prévention. Le gouvernement a de plus mis en place un moratoire permanent sur la conversion des forêts primaires et des tourbières. Celui-ci ne couvre cependant pas toute la forêt primaire et les tourbières.
80% des secteurs des secteurs de l’huile de palme et de la pâte et papier du pays se sont aussi engagés dans une démarche zéro déforestation et destruction des tourbières. Même si ces politiques ne sont pas toujours respectées, cela a permis de réduire la déforestation associée à l’huile de palme de 82% et de 85% pour la pâte à papier sur la dernière décennie.
Mais selon un rapport de 2021, les forêts dans certaines régions de l’Indonésie qui à l’origine étaient restées préservées sont maintenant menacées. Si le taux annuel national de déforestation diminue, cela recouvre des réalités différentes en fonction des provinces. Cela pourrait s’expliquer par la faible quantité de terres à défricher encore disponibles. Par exemple, le taux de déforestation à Riau a chuté de 81% entre 2015 et 2019 comparé à la période 2009-2014. Mais le déclin dans cette province est simplement dû au fait qu’il n’y reste presque plus de forêt. En revanche, de 2015 à 2019, il y a eu 1,85 millions d’hectares de déforestation dans 10 provinces encore relativement boisées – Papouasie, Papouasie occidentale, Kalimantan central, Jalimantan oriental, Kalimantan nord, Kalimantan occidental, Sulawesi central, Aceh, Maluku, et Maluku nord. La région de la Papouasie en particulier – comprenant la moitié de la Nouvelle Guinée – abrite 38% des forêts restantes de l’Indonésie, et c’est aussi la zone où la déforestation est le plus en expansion. Une étude de 2017 l’Université de Duke montre que la déforestation liée à l’huile de palme a été multipliée par 5 entre 1995-2000 et 2010-2015.
→ République Démocratique du Congo : le deuxième puits de carbone du monde sous pression
Le Bassin du Congo abrite la deuxième forêt tropicale au monde après l’Amazonie : elle s’étend sur 165 millions d’hectares. Près des deux-tiers se trouvent en République Démocratique du Congo (RDC). Ses vastes étendues de forêts stockent par hectare et par an, plus de CO2 que l’Amazonie. Le pays abrite notamment plus de 15 millions d’hectares de tourbières, un des écosystèmes les plus dense en carbone.
Mais l’agriculture, l’extraction de bois et de minerais causent une déforestation et dégradation de ces forêts. Le pays a perdu presque un demi million d’hectares en 2021. Cette tendance est restée relativement constante sur les six dernières années.
Le premier facteur de cette déforestation est l’agriculture à petite échelle, principalement sous forme de culture itinérante. Elle représente 90% de la perte de couvert arboré dans le pays. Là où des terres avec des forêts sont disponibles, les agriculteurs vont les défricher pour y mettre en place des cultures pour quelques saisons. Les terres sont ensuite laissées en jachère pendant plusieurs années pour laisser la végétation repousser et le sol se régénérer, puis de nouveau défrichées. Bien que cette technique ait été historiquement employée à faible densité, permettant la régénération des forêts, elle n’est plus viable dans un contexte de forte pression démographique. Les périodes de jachère deviennent alors trop courtes pour permettre au sol et au couvert forestier de se régénérer. Cette utilisation des terres est souvent supposée à peine suffisante pour assurer la subsistance des communautés. S’attaquer à cette déforestation est donc délicat. Cela peut cependant passer par la fourniture de semences améliorées, la mécanisation, etc.
Une autre cause de déforestation, bien que moins importante, est causée par l’utilisation de charbon de bois. En 2020, seuls 3,7% de la population de la RDC a accès à des combustibles et à des ressources “propres” (gaz et électricité) pour cuisiner. C’est donc le charbon de bois qui vient pallier ce manque. Kinshasa, capitale du pays, a une population de 17 millions d’habitants. Celle-ci est alimentée par environ 4,8 millions de m3 de charbon de bois par an. D’après une projection de 2016, la population de la ville pourrait presque doubler d’ici 2050, ce qui risque donc d’augmenter cette consommation et d’accentuer la pression sur les forêts du pays.
Les chercheurs estiment que les efforts de réforme ne se sont pour l’instant pas montrés efficaces pour mettre fin à ces pratiques. En 2016, la RDC a par exemple signé un accord avec l’Initiative pour la Forêt d’Afrique Centrale. Celui-ci a garanti une aide de 200 millions de dollars (185 millions d’euros) pour lutter contre la déforestation et la dégradation. L’accord a cependant échoué à mettre en place une politique forestière ambitieuse. Le gouvernement a notamment rétablit des concessions forestières illégales, en violant ainsi son moratoire en matière de titres d’exploitation forestière. En 2021, le gouvernement a même levé ce moratoire, ouvrant 70 millions d’hectares de forêts à l’exploitation. Un rapport publié par le Centre de Recherche Forestière International de 2020 montre que le gouvernement n’a respecté aucune des promesses engagées pour augmenter le couvert forestier.
→ Australie: la Grande Barrière de Corail et le koala en péril
Selon Global Forest Watch, l’Australie a perdu 290 000 hectares de couvert végétal en 2021[3]. La plupart de la déforestation a eu lieu pour faire place à des pâturages, et plus marginalement pour l’exploitation forestière et minière. La province du Queensland est un des principaux contributeurs à cette déforestation. Dans un rapport de 2019, la Wilderness Society a montré que dans la région, le bœuf représente 73% des terres converties. De plus, 44% des défrichements concernent les bassins versants de la Grande Barrière de Corail. Or la végétation aux abords de ces rivières joue un rôle essentiel. Sans elle, les sédiments et engrais ruissellent dans le récif, ce qui stimule la croissance de phytoplancton, limite la lumière, et étouffe les coraux.
Les années 2019 et 2020 ont été exceptionnelles en termes de déforestation à cause d’incendies massifs. Ils ont détruit plus de 11 millions d’hectares de brousse et de forêts sur cette période. Plusieurs rapports montrent que l’exploitation des forêts natives a exacerbé ces incendies. Une des recherches conclut que la probabilité que la canopée d’une forêt exploitée brûle est sept fois plus élevée que dans une forêt non exploitée.
Lorsqu’un arbre est coupé, tout l’écosystème est ouvert au soleil et au vent. Cela rend la forêt plus sèche. Dans les forêts australiennes, la teneur en humidité dans la végétation peut ainsi diminuer de 3%. L’extraction du bois, même par éclaircie, laisse de plus des débris au sol, qui risque d’alimenter le feu si un incendie se déclare. Enfin, après l’exploitation, les arbres plus jeunes qui repoussent seront aussi plus sensibles au feu.
Pourtant, dans le Victoria et le New South Wales, les zones les plus affectées, les entreprises ont continué à prélever du bois. Dans le Victoria les incendies ont fait plus d’1 million d’hectares de dégâts. Dans cette région, environ 5 terrains de football de forêt native sont exploités chaque jour. Les arbres collectés servent généralement à faire des copeaux ou de la pulpe à papier. En 2019, Daniel Andrews, l’actuel chef d’Etat du parti travailliste en Victoria a cependant annoncé la fin de l’exploitation forestière d’ici 2030. Mais pour les chercheurs, cette date est trop tardive : il pourrait ne plus rester beaucoup de forêts natives d’ici 10 ans.
À cause de cette déforestation, le koala, dont la quasi-totalité des spécimens vit dans le Queensland et le New South Wales a été classé il y a quelques années parmi les espèces “vulnérables”. En quinze à vingt ans, leur nombre a respectivement baissé de 53 et 26%.
Un exemple de victoire dans lutte contre la déforestation en Australie est celui de la lutte entre les forestiers industriels et les écologistes en Tasmanie. Les forêts anciennes y étaient là aussi menacées par l’exploitation forestière. En 2009, 78% de l’étendue initiale des forêts d’eucalyptus avait été déforestés, pour en faire principalement de la pâte à papier. Particulièrement scandaleux, ces arbres gigantesques étaient abattus par des bombes de napalm. Après des décennies de lutte, en 2010, Gunns Limited, la principale entreprise responsable de cette déforestation a annoncé se désengager de ces forêts anciennes pour passer à l’exploitation de plantations. Puis en 2013, 200 000 hectares de forêts anciennes ont été ajoutées à la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
[1] La perte de couvert forestier se définit comme le remplacement de la végétation de plus de cinq mètres au niveau de la zone étudiée. Cela n’a pas la même signification que la déforestation: elle englobe les changements apparus dans les forêts et les plantations. De plus, elle diffère de la définition de la FAO qui inclut la dimension d’usage des terres. Les terres temporairement dépourvues d’arbres -par exemple récemment brûlées- sont donc prises en compte dans la perte de couvert forestier.
[2] Pour la conversion de carbone en CO2 : 480Mt x 44/12 = 1,76 Mdt.
[3] Ce chiffre se base sur une densité de la canopée supérieure à 10% et ne permet pas de prendre en compte les écosystèmes non forestiers comme la brousse.