Question

Quels sont les plus grands incendies de forêts en France ?

Les grands feux de forêt qui ont récemment touché la France rappellent que notre pays subit particulièrement ce phénomène. L'occasion de dresser un historique des plus grands incendies dans le pays.

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Quels sont les plus grands incendies de forêts en France ?

Les grands feux de forêt qui ont récemment touché la France rappellent que notre pays subit particulièrement ce phénomène. L'occasion de dresser un historique des plus grands incendies dans le pays.

Pour savoir quels ont été les plus grands incendies de forêts en France, encore faut-il que la surface de ces incendies ait été mesurée…

 
Or le relevé systématique des surfaces et la cartographie précise des feux sont très récents, puisqu’ils n’ont débuté qu’en 1973 en bordure méditerranéenne.

Ces données permettent de dresser un historique des plus grands incendies dans le pays, qui ne sont pas limités à la seule zone méditerranéenne.

Au 20ème siècle, le plus gigantesque serait celui des Landes de Gascogne en 1949, dont la surface n’a pas pu être mesurée par les moyens modernes et qui est évaluée à environ 50 000 hectares.

Entre 1973 et 2021, 12 feux ont dépassé les 5 000 hectares : d’après les données disponibles sur la Base de Données sur les Incendies de Forêt en France (BDIFF), les deux plus grands ont eu lieu en 1990 dans le Var, à Vidauban en septembre (11 600 ha) et à Collobrière en août (9 600 ha). Le Var a également abrité les deux feux suivants dans ce classement : Gonfaron en 2021 (6 800 ha, voir page précédente pour ce feu) et à nouveau Vidauban en 2003 (6 700 ha). En 1976, le feu de forêt de Corbère-les-Cabanes dans les Pyrénées Orientales brûle 6 600 hectares. Viennent ensuite les feux du Luc-en-Provence dans le Var en 1979 (5 900 ha) et celui de Vidauban encore en 2003 (5 600 ha), puis celui de Salaunes en Gironde en 1990 (5 200 ha). Et c’est en Corse que l’on trouve encore 4 feux d’un peu plus de 5 000 hectares en 1977, 1983, 1992 et 2003.

En 2022 à ces 12 feux s’ajoutent 3 feux de plus de 5 000 hectares : Landiras 1 (12 500 ha), Landiras 2 (7 100 ha) et la Teste de Buch (5 700 ha), tous les trois en Gironde.

 

Comment les incendies sont-ils répertoriés en France ?

 
La France a commencé à répertorier les incendies sur le pourtour méditerranéen dès 1973, sur la base de données Prométhée. Depuis 2011, elle est regroupée au sein de la Base de Données sur les Incendies de Forêts en France (BDIFF) créée en 2006, qui poursuit cette mission de relevés cartographiques. Parallèlement, le système EIFFIS a été mis en place par l’Union Européenne en 1998. Il permet à présent la détection des feux en temps réel par satellite.
 

Evolution des surfaces de forêts incendiées d’après PROMÉTHÉE

Prométhée est la base de données officielle pour les incendies de forêts dans la zone méditerranéenne française. Depuis 1973, les services de prévention et de lutte contre les incendies (les Services Départementaux d’Incendie et de Secours ou SDIS, les Directions Départementales des Territoires et de la Mer ou DDTM, l’ONF, les services de gendarmerie et de police) collectent les données par département. Depuis 2011, la gestion de cette base de données a été confiée à l’IGN qui gère également la BDIFF.

Cette base de données est ainsi la plus ancienne en France concernant les incendies. Elle couvre les départements des Hautes-Alpes(05), Alpes-Maritimes(06), Ardèche(07), Aude(11), Bouches-du-Rhône(13), Corse-du-Sud(2A), Haute-Corse(2B), Gard(30), Hérault(34), Lozère(48), Pyrénées Orientales(66), Var(83) et Vaucluse(84). A ces départements initiaux ont été ajoutés les Alpes Maritimes(06) à partir de 1976 et la Drôme(26) à partir de 1985.

Si Prométhée présente l’inconvénient de circonscrire ses données à la zone méditerranéennes, elle permet de construire le graphique suivant, ses données étant en libre accès :
 

 
Ce graphique fait apparaître 3 périodes distinctes en ce qui concerne les feux en zone méditerranéenne française entre 1973 et 2022 :

→ De 1973 à 1990 : durant cette période, les incendies détruisent chaque année des surfaces importantes, en moyenne plus de 33 000 hectares par an. En 1990 ont lieu les feux de Collobrières fin août (9 600 ha) et celui de Vidauban fin septembre (11 580 ha).

De 1991 à 2005 : la moyenne des surfaces incendiées diminue à moins de 16 000 hectares par an, soit une baisse de plus de moitié, suite à la mise en œuvre d’une politique de lutte efficace contre les incendies dans la zone. Les grands feux de plus de 1 000 hectares diminuent fortement en proportion, sauf en 2003, une année exceptionnelle en terme d’incendies, avec plusieurs feux hors normes, notamment dans le Var avec les feux de Vidauban (6 700 ha brûlés du 17 au 24 juillet, puis 5 600 ha du 28 au 30 juillet), ainsi qu’en Corse avec 3 grands feux (3 000 ha en en juillet en Corse du Sud, puis 4 400 ha et 5 300 ha fin août en Haute-Corse).

→ De 2006 à 2022 : la moyenne annuelle des superficies brûlées diminue encore de moitié en zone méditerranéenne puisqu’elle tombe à 7 500 hectares par an. Il faut toutefois noter un certain retour des grands feux de plus de 1000 hectares sur la zone depuis 2016.

 

Evolution des surfaces de forêts incendiées d’après la BDIFF, la Base de Données sur les Incendies de Forêts en France

La BDIFF est chargée de centraliser l’ensemble des données sur les incendies de forêt sur le territoire français depuis 2006 et de mettre l’ensemble de cette information à disposition du public et des services de l’Etat.

L’outil est conçu et développé par l’Institut Géographique National (IGN). Les données sont collectées de 3 façons :

  • par l’interface de Prométhée en zone méditerranéenne, dont les données sont importées dans la BDIFF à la fin de chaque année civile.
  • par le biais du GIP Atgeri (Groupement d’Intérêt Public Aménagement du Territoire et Gestion des Risques) à Bordeaux pour les départements Dordogne (24), Gironde (33), Landes (40), Lot-et-Garonne (47) et Pyrénées-Atlantiques (64). Les données sont également importées en fin d’année civile. Il est à noter que les données n’y sont pas disponibles en libre accès, à la différence de Prométhée et de la BDIFF.
  • directement sur l’interface de la BDIFF pour le reste du territoire français (métropole et départements d’outre-mer).

L’avantage de cette base de données est la qualité des données relevées, vérifiées sur le terrain. Les inconvénients sont la date de disponibilité des données (la publication de la mise à jour a lieu en juin de l’année suivant les incendies) ainsi que le fait que la saisie soit soumise à la bonne volonté des utilisateurs. En effet, si en zone méditerranéenne et Aquitaine l’enjeu est important et les services dédiés sont rodés au remplissage de la base, ce peut-être moins le cas dans les autres territoires. La surface concernée par des incendies peut alors être sous-estimée.
 

Evolution des surfaces de forêts incendiées d’après EFFIS, l’European Forest Fire Information

Le système EFFIS a été mis en place par l’UE en 1998, en collaboration avec les administrations nationales de lutte contre les incendies, afin de disposer d’informations harmonisées sur les feux de forêt. Il consiste en un système d’information géographique qui fournit des informations en temps quasi réel sur les incendies de forêt dans les régions d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. En 2015, EFFIS est devenu l’une des composantes du programme Copernicus d’observation de la Terre de l’Union européenne. Le système est ouvert à tous les pays méditerranéens et européens non membres de l’UE.

 

Plusieurs applications sont disponibles sur son site internet, dont :

  • une visualisation en temps réel des incendies en cours dans le monde entier, avec des données issues des satellites MODIS et VIIRS
  • des statistiques nationales pour les pays de l’UE, les pays européens hors UE, et les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord
  • des données météorologiques
  • un indice de risque d’incendie de forêt à l’échelle paneuropéenne

Il publie également des rapports annuels sur les feux de forêt dans sa zone d’étude, ainsi que d’autres études et publications sur le sujet.

L’avantage du système est la visualisation des incendies en temps quasi-réel, ainsi que les rapports annuels qui permettent des comparaison avec les autres pays européens et voisins. Les inconvénients sont la précision des images traités automatiquement, sans expertise humaine, ce qui peut entraîner des erreurs (sur les feux dirigés ou sur des points chauds comme les panneaux photovoltaïques par exemple), ainsi que certaines approximation dans la détection des feux (les plus petits ne sont pas détectés et les estimations de surface peuvent être imprécises) pouvant conduire globalement à une surestimation de leur surface. Toutefois, ces biais sont corrigés au sein des rapports annuels publiés.

 

Quels sont les principaux feux de forêts en France ?

 

L’incendie documenté le plus meurtrier de France, mais aussi le plus étendu, est celui qui a touché les Landes de Gascogne en 1949, faisant 82 morts et brûlant environ 50 000 ha.

 

1949 : l’incendie du Massif des Landes de Gascogne

Ce massif récent a été planté de pins au cours du 19ème siècle afin d’assécher les marécages, considérés insalubres, comme le relate un article de la Revue Forestière Française (Mercier, 1974). Le pin maritime remplace donc les pâturages de moutons, et le principal produit à l’époque est la gemme des pins. Au fur et à mesure du développement du massif sur les départements des Landes, de la Gironde et du Lot-et-Garonne, les surfaces incendiées s’accroissent, atteignant entre 10 000 et 50 000 hectares par an à la fin du siècle. L’origine de ces feux est attribuée aux allumages volontaires de bergers mécontents des boisements, aux locomotives des chemins de fer (qui à l’époque parcouraient tout le massif), aux chasseurs et plus généralement à la malveillance. En 1898, année très sèche, un seul feu ravage en quelques heures environ 20 000 hectares. Les années 1937 et 1938, très sèches également, auraient connu des feux de plusieurs dizaines de milliers d’hectares.

Au sortir de la seconde guerre mondiale, en 1945, une ordonnance enclenche la création d’un réseau de pistes et la construction de points d’eau.

En 1947 est créé par décret un corps de sapeurs-pompiers forestiers comptant 219 hommes en 1948. Malgré ces mesures, l’année 1949 fut désastreuse en raison des conditions météorologiques propices aux feux, avec près de 500 incendies qui détruisent plus de 100 000 hectares de forêt. Entre le 19 et le 25 août, un violent incendie qui a pris près d’une scierie à Saucats, se dirige vers le sud-ouest avant de repartir au nord-est, comme le relate un ouvrage aux éditions des Pompiers de France (Deville, 2009). Il ne sera considéré éteint que le 27 août, après avoir brûlé environ 50 000 hectares. Ce gigantesque incendie mobilise plusieurs milliers d’hommes de la région, ainsi que des renforts militaires anglais et de Paris. En 3 lieux différents, 82 personnes vont trouver la mort lors de ce terrible incendie : 26 civils et 56 sauveteurs surpris par la violence des flammes et la “tornade produite par le feu”.

 

Le feu de Saucats le 20 août 1949, Archives Sud Ouest

 

Ce feu exceptionnel peut se voir appliquer toutes les définitions vues plus haut : mégafeu pour sa surface, feu extrême pour son comportement, feu hors-norme pour les mêmes raisons, et feu catastrophe pour les dégâts humains et matériels.

Depuis les incendies de 1949, le massif des Landes de Gascogne présente la particularité de faire participer directement les propriétaires forestiers auprès de l’Association Régionale de Défense des Forêts Contre l’Incendie. Plus communément appelée DFCI Aquitaine, elle est chargée des travaux de prévention contre les feux. En 2022, cette cotisation DFCI était d’un montant de 15€ + 2.05€/ha. Selon le Plan Interdépartemental de Protection des Forêts Contre les Incendies de 2019, sur la période 2007-2017, “les sylviculteurs cotisent à hauteur de 2.6 millions d’euros [par an] aux Associations Syndicales Autorisées de DFCI. Ces taxes permettent à ces structures de participer aux investissements dont 20% sont autofinancés. Les 80% restants sont apportés par des fonds européens, de l’État, du Conseil Régional et, plus ponctuellement, d’autres collectivités”.

Après 1949, 5 années ont été particulièrement concernées par les incendies : 1976, 1989, 1990, 2003 et 2022. Au cours de chacune de ces années, les feux ont touché plus de 70 000 ha.

 

Source : ONF

 

1976, l’année des records, avec des feux dans tout l’hexagone : de la zone méditerranéenne à la Bretagne, en passant par les Landes de Gascogne et la Charente-Maritime

1976 est (fin 2022) l’année record des presque 50 dernières années en termes de surface incendiée sur la France entière : 88 000 hectares ont brûlé, dont plus de la moitié en dehors du pourtour méditerranéen.

C’est une année marquée par une sécheresse d’une exceptionnelle durée, notamment sur la façade ouest du pays, avec un déficit de pluie qui s’enclenche dès le mois de mars, auquel s’additionne une canicule de mi-juin à mi-juillet. Il en résulte de grands feux dans des régions moins touchées habituellement : 1 100 hectares de pins brûlent dans le département des Landes à Saugnac et Muret dès le mois de mars 1976, 200 hectares brûlent en forêt d’Orléans fin juin et environ 4 000 hectares partent en fumée dans un feu de landes à Lanvaux dans le Morbihan à la fin du mois de juin également. Cette année comptera également fin août un feu dans la Sarthe sur 200 hectares, ainsi que le feu de la Palmyre sur 1 000 hectares en Charente-Maritime, nécessitant l’évacuation de centaines de vacanciers par la mer, et un feu de 1 000 hectares sur les Monts d’Arrée dans le Finistère.

A ces feux s’ajoutent également ceux qui se sont déroulés dans la zone Prométhée en région méditerranéenne, et dont le plus étendu a été celui de Corbère-les-Cabanes dans les Pyrénées Orientales, qui a brûlé 6 600 hectares.

 

1989 : année très sèche, installant les conditions des feux de l’année suivante

Sécheresse et chaleur estivale vont faire de cette année la seconde en termes de surface incendiée. Aucun feu de plus de 5 000 hectares n’est à déplorer cet été là, mais c’est la première de deux années consécutives de sécheresse hivernale et estivale exceptionnelles. Une vingtaine de feux de plus de 1 000 hectares ont lieu, dont 5 dans les Bouches-du-Rhône (4 500 ha pour le plus grand feu de la saison à Saint-Marc-Jaumegarde fin août), 5 en Corse et 6 dans le Var. Le second plus grand feu se déroule en Gironde en juillet entre Le Porge et Lacanau sur 3 900 hectares. Au total, plus de 75 000 hectares brûlent cette année-là.

 

1990 : le plus grand feu depuis 1949 dépasse les 10 000 hectares dans le Var

La sécheresse de 1989 s’est poursuivie en 1990, avec un hiver et un printemps très secs.
Le feu de Salaunes en Gironde le 31 mars 1990 a brûlé en un jour 5 200 hectares. Parti des portes de Bordeaux jusqu’à Carcans au Nord-Ouest, ce feu a brûlé à une vitesse impressionnante à cette date.
Le feu de Losse a parcouru 1 800 hectares dans le département des Landes au mois d’août.

L’incendie de Collobrière s’est lui déroulé du 21 au 26 août au cœur du massif des Maures dans le Var sur 9 600 hectares. Il a été suivi dans le même département par le feu de Vidauban, au pied du massif des Maures, du 21 au 23 septembre, qui a brûlé 11 580 hectares. Depuis 1973, ces deux incendies sont restés jusqu’en 2022 les deux plus grands que la France ait connu. Au total, ce sont près de 27 000 hectares qui ont brûlé dans le Var au cours de cette année, et plus de 70 000 hectares sur la totalité du territoire métropolitain.

 

2003 : de grands et nombreux feux meurtriers sur le pourtour méditerranéen

Après une douzaine d’années au cours desquelles la surface annuelle incendiée en France reste inférieure à 30 000 hectares par an, l’année 2003 fait exception en totalisant plus de 70 000 hectares brûlés.

Les conditions ont été des températures estivales très élevées, bien au-dessus des moyennes saisonnières, couplées à une importante sécheresse causant la dessiccation de la végétation sur tout le bassin méditerranéen français.
Le bilan humain est très lourd puisque 10 personnes sont mortes, dont 4 pompiers.
La Haute-Corse et le Var, avec respectivement plus de 20 900 et 18 800 hectares brûlés, regroupent les ⅔ de la superficie totale parcourue par les incendies.

6 feux de plus de 1 000 hectares vont ainsi toucher la Haute-Corse, avec notamment les feux de Santo-Pietro-di-Tenda (5 500 ha) et de Santa-Maria-di-Lota (4 400 ha), auxquels s’ajoutent celui de Véro (3 000 ha) en Corse-du-Sud.

Dans le Var, le feu de Vidauban I a brûlé plus de 6 700 hectares, atteignant la mer au bout de 8 heures après un parcours de 22km le 17 juillet. 10 jours plus tard, le 28 juillet, le second feu de Vidauban II parcourt 5 600 hectares et fait 4 morts. L’incendie est qualifié de très virulent par les pompiers, avec une cinétique très rapide puisque 15 km vont être parcourus en 3 heures seulement. Ce même jour, à une quinzaine de kilomètres dans la plaine des Maures également, le feu de la Motte parcourt près de 2 000 hectares avec une cinétique rapide également. Un mois plus tard, le feu du Cannet-des-Maures, dans le massif des Maures, brûle du 31 août au 2 septembre 2 700 hectares et cause la mort de 3 pompiers. Ces feux ont mis en évidence de graves lacunes de débroussaillement, puisque celui-ci était non réalisé à 90%, selon un rapport relatif à la protection contre les incendies de forêt après les feux de l’été 2003 commandité par 4 ministères et chargé d’établir un bilan de ces incendies.

 

2021 : le feu catastrophe de Gonfaron dans le Var

2021 n’a pas été une année particulièrement touchée par les incendies au niveau national, mais un feu hors-norme a marqué les esprits cette année-là. Le 16 août, le feu de Gonfaron est parti d’une aire d’autoroute du fait du jet d’une cigarette. Il s’est rapidement développé à la faveur d’une végétation très sèche et de conditions extrêmes avec une température élevée, un taux d’humidité très faible et un vent fort.

Le feu a parcouru la plaine des Maures puis s’est propagé à travers le massif des Maures, suivant le même trajet que le feu du 31 août 2003 du Cannet des Maures, ainsi que celui du 10 août 1979 du Luc-en-Provence. Il a parcouru 21 km en 6 heures, avec des pointes de vitesse atteignant 7 km/h et des sautes de feu de plus d’un kilomètre.

Il est resté actif pendant 3 jours avant son contrôle. 6 800 hectares ont brûlé, et l’incendie a également causé la mort de 2 personnes dans une maison isolée en forêt et très peu débroussaillée. 6 personnes ont également été blessées dont 4 pompiers, 7 500 personnes ont été évacuées, 1 camping a été détruit, et plus de 400 bâtiments ont été impactés dont 130 complètement détruits, en faisant l’un des incendies catastrophe les plus destructeurs que la France ait connu (voir aussi page 21 l’encadré sur ce feu de Gonfaron).

 

2022 : le plus grand feu depuis 73 ans ravage à nouveau le massif des landes de Gascogne

L’année 2022 a été une année de sécheresse et de canicule record, l’année la plus chaude que la France métropolitaine ait jamais mesurée selon Météo France. Presque 20 années après 2003, durant lesquelles les surfaces incendiées restaient chaque années inférieures à 25 000 hectares, la surface totale brûlée dépasse à nouveau les 70 000 hectares. La répartition des feux est différente de la répartition historique dans le grand quart sud-est du pays, la grande majorité des surfaces incendiées se situant en Gironde. Comme en 1976, de grands feux ont également atteint des zones plus au nord du pays, habituellement plus épargnées. 2022 a ainsi été l’année de nombreux feux hors normes, que ce soit du fait de leur surface, de leur localisation ou de leur durée. La haute saison de feu a également été particulièrement longue, avec des feux de plus de 2 000 hectares du mois de mai jusqu’à la mi-septembre.

La Gironde a été le département le plus durement touché par les incendies. Le 12 juillet débute le feu devenu le plus étendu de France ces 50 dernières années, celui de Landiras 1 : il couvre plus de 12 500 hectares. Le même jour débute également le feu de La Teste De Buch, à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest, sur 5 700 hectares. Ces feux mettent 13 et 11 jours avant d’être fixés. Deux autres feux hors normes touchent ensuite le département. Démarré le 9 août à Saint-Magne, l’incendie qui prendra le nom de Landiras 2 est très actif jusqu’au 14 août et ne sera considéré comme maîtrisé que le 25 août, après avoir parcouru 7 100 hectares. Puis le 12 septembre l’incendie de Saumos brûle 3 200 hectares au nord-ouest de Bordeaux. En avril 2023, le lignite, une roche sédimentaire de type charbon, brûle encore dans le sous-sol à proximité d’Hostens (où des gisements étaient exploités jusqu’en 1964), rappelant les feux zombie de Sibérie (voir encadré page 9). Au total, environ 36 000 hectares ont brûlé en Nouvelle Aquitaine en 2022.

D’autres départements situés plus au nord ont également connu des feux d’une inhabituelle ampleur au cours de cette saison 2022, en faisant des feux hors norme. En Bretagne sur les Monts d’Arrée, 1 800 hectares ont brûlé à partir du 18 juillet à Brasparts dans le Finistère : ce feu de tourbière n’a été définitivement éteint que début septembre. 500 hectares ont également brûlé le 12 août dans la mythique forêt de Brocéliande au cours du feu de Campénéac dans le Morbihan. En Pays de Loire, 8 feux de plus de 100 hectares ont eu lieu dans la région, dont celui de Baugé qui a brûlé 1 300 hectares dans le Maine-et-Loire. En Bourgogne-Franche-Comté, deux feux de plus de 100 hectares se sont déroulés en août et le feu de Vescles a brûlé 560 hectares en septembre dans le Jura. La Normandie a également connu 2 feux de plus de 100 hectares cette année.

Enfin, si la zone méditerranéenne s’est faite plus discrète en 2022, elle n’a pas non plus été totalement épargnée : le feu d’Aiguines dans le Var a brûlé dès le 18 juin 2 500 hectares, et deux autres feux de plus de 1 000 hectares ont eu lieu dans les Bouches-du-Rhône et en Ardèche.

 

Ainsi, de grands feux ont parcouru la France ces 50 dernières années. Comme vu précédemment, la France n’a jamais été aussi boisée qu’aujourd’hui au cours des deux derniers siècles passés. Le danger réside dans la hausse de la fréquence de ces incendies : les forêts, les sols et les hommes n’ont plus le temps de s’en remettre. sans compter que d’autres catastrophes naturelles s’ajoutent aux incendies : par exemple, la zone de feux de Landiras avait déjà été durement touchée par la tempête Klaus de janvier 2019, soit seulement 13 ans avant les incendies de 2022.